Alors que la situation pandémique semble stable dans une grande partie du Québec, Montréal se retrouve parmi les villes les plus affectées au monde par la pandémie. Dans certaines zones et institutions, comme certains arrondissements de Montréal ou les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), la situation dépasse largement les capacités gouvernementales de protéger ou de venir en aide à certains secteurs de la population transformant ainsi la situation en crise humanitaire sectorielle1. À cela s’ajoutent les délais pour d’autres catégories de soins de santé urgents (chirurgies par ex.) qui s’accumulent actuellement et risquent de s’aggraver.
Le gouvernement du Québec a pris la décision d’un déconfinement hâtif et progressif, quoique rapide, dans le reste du Québec, mais retardé son application dans la grande région de Montréal. L’approche privilégiée en est donc une géographique à deux, voire trois vitesses. Si ce choix peut se justifier à plusieurs égards, il soulève plusieurs risques importants : la contagion d’un secteur à l’autre, notamment en période estivale qui accroit les déplacements et donc un second cycle de contamination à la grandeur du Québec; une certaine inefficacité de la mise en œuvre du déconfinement; une plus faible compréhension et adhésion de la population à celui-ci, et de l’incohérence entre les régions encore confinées, et celles qui se déconfinent.
Bien que l’on commence à avoir des données scientifiques relatives à la maladie et à la pandémie ainsi que des expériences à observer ailleurs, l’évolution de la situation et l’environnement de décision restent marqués par un fort contexte d’incertitude. En somme, nous réitérons que la vaste revue de littérature réalisée sur les recherches en cours et la comparaison des expériences de déconfinement dans les autres pays de la planète n’est pas encore concluante.
Ainsi, l’analyse comparative des protocoles de déconfinement peut permettre de dégager certaines considérations pour le Québec. Toutefois, cet exercice présente d’emblée deux limites évidentes.
En raison du caractère récent des initiatives de déconfinement dans le monde, aucune ne peut être qualifiée de « succès » actuellement et il est encore tôt pour tirer des leçons définitives. Certaines stratégies ont, en revanche, généré un second cycle de contamination, qui demeure actuellement l’un des principaux risques de la crise au Québec, et un retour au confinement qui soulève, quant à lui, toutes sortes d’autres risques et de frustration sociétale.
Enfin, compte tenu de la multitude de paramètres et de la forte contextualisation quant à l’évolution des situations dans les pays, régions et villes, il convient d’emblée de souligner les limites évidentes quant à la reproductibilité des expériences nationales d’un pays à l’autre.