L’action humanitaire et le développement international sont en mutation : décentralisation, émergence de nouveaux acteurs et d’alternatives au développement, nouveaux dispositifs managériaux, et politiques et pratiques qui brouillent la frontière entre l’action humanitaire et réduction de la pauvreté. L’objectif de cet axe est de « rechercher des alternatives dans un sens plus profond, c’est-à-dire de s’écarter des bases culturelles et idéologiques du développement, en faisant émerger d’autres imaginaires, objectifs et pratiques ». Par conséquent, nos projets de recherche dans ce courant critique souscrivent à engager un réel dialogue appelant à la co-construction des connaissances où les chercheurs-es adoptent une posture réflexive, participant ainsi à la diffusion des variétés de visions du monde et de pratiques liées sous l’optique d’un monde écologiquement sage et socialement juste.
Pour atteindre ces objectifs nous travaillerons au déploiement de 6 projets sur l’évolution de la pratique, et effectue des analyses critiques en matière de politique d’intervention. Ses projets en cours portent notamment sur :
- La qualité, l’efficacité et la professionnalisation de l’action humanitaire
- Le post-développement, la localisation de l’action humanitaire et la participation des populations
- L’art et la culture en situation post-crise
Responsables de l’axe Pratiques émergentes et courants critiques
Marie-Pierre Leroux

Marie-Claude Savard

Projets de recherche
L’art et la culture sont des leviers de développement social, économique, communautaire et citoyen. Souvent perturbés, voire détruits en situation de conflits, de crises ou de catastrophes, réintroduire l’art et la culture ou les reconstruire devient un enjeu crucial. Passant après plusieurs services dits essentiels tels que la santé ou la sécurité, ce vecteur sociétal est tout de même indispensable au plan économique et identitaire. Étudier l’art et la culture comme vecteur émergent dans un contexte humanitaire permet de regarder comment les entreprises, les organisations et les membres de ce secteur peuvent renforcer le (re)développement des populations locales postcrise. L’objet de recherche « art et culture » est posé comme valeur, moyen, processus et outil de résilience et de construction identitaire.
Projets
- Les PMO culturelles comme levier de changement en contexte humanitaire
Par Alexandre Bédard, Postdoctorant.
« Tout être humain doté d’un cerveau accomplissant sa fonction est capable, grâce à l’art, de rétablir le lien avec la société » (Barbosa, 2002)
Pour s’adapter à un environnement de plus en plus complexe, semblable à ce que nous vivons présentement avec la pandémie du COVID-19, les ONG doivent revoir leurs processus d’intervention auprès des individus et des collectivités et ce, particulièrement en situation postcrise. Si l’utilisation de l’art comme levier de développement et de changement social dans cette situation n’est plus à prouver, cet angle est cependant peu étudié et encore moins sous l’angle des petites et moyennes organisations qui œuvrent dans ce contexte. Comprendre ces PMO est un enjeu de taille, particulièrement en matière de retombées et de résultats. Comment les PMO culturelles se structurent-elles tout en mobilisant l’art et la culture comme levier de développement dans un contexte postcrise ?
- Repenser la sensibilisation écologique : exploration de la culture comme piste de réponse à la crise
Par Karine Rajoelisolo Debergue
Cette étude tente de définir en quoi les traditions peuvent servir de levier dans la lutte contre la crise écologique. Plusieurs programmes s’investissent dans la compréhension de la crise et la sensibilisation face aux problématiques liées au climat, à la biodiversité et à l’habitat naturel. Cependant, les concepts et parfois les messages ne génèrent pas toujours les changements comportementaux escomptés. Ceci étant, nous étudions une piste peu exploitée : la considération des traditions locales pour contribuer à plus d’efficacité des programmes environnementaux. Par Traditions, nous entendons Croyances et Pratiques héritées des Anciens via chants, danses, légendes, rituels, etc. Dans de nombreuses sociétés, ces arts reflétaient jadis un rapport de l’homme à la nature relevant du sacré. Nous explorerons donc les intuitions des Anciens concernant l’équilibre environnemental. Nous observerons ainsi les enjeux autochtones au Canada, et ailleurs. Nous essaierons de comprendre en quoi, dans certaines sociétés, le réveil identitaire ou la mémoire des traditions ramènerait à des pratiques respectueuses de l’environnement. Nos recherches s’adressent particulièrement aux organisations environnementales, pour une meilleure compréhension du potentiel culturel qui, dans certains contextes, pourrait renforcer l’efficacité de leurs actions.
- Repenser la sensibilisation écologique : exploration de la culture comme piste de réponse à la crise
Ce projet tente de définir en quoi les traditions peuvent servir de levier dans la lutte contre la crise écologique. Plusieurs programmes s’investissent dans la compréhension de la crise et la sensibilisation face aux problématiques liées au climat, à la biodiversité et à l’habitat naturel. Cependant, les concepts et parfois les messages ne génèrent pas toujours les changements comportementaux escomptés. Ceci étant, nous étudions une piste peu exploitée : la considération des traditions locales pour contribuer à plus d’efficacité des programmes environnementaux. Par Traditions, nous entendons Croyances et Pratiques héritées des Anciens via chants, danses, légendes, rituels, etc. Dans de nombreuses sociétés, ces arts reflétaient jadis un rapport de l’homme à la nature relevant du sacré. Nous explorerons donc les intuitions des Anciens concernant l’équilibre environnemental. Nous observerons ainsi les enjeux autochtones au Canada, et ailleurs. Nous essaierons de comprendre en quoi, dans certaines sociétés, le réveil identitaire ou la mémoire des traditions ramènerait à des pratiques respectueuses de l’environnement. Nos recherches s’adressent particulièrement aux organisations environnementales, pour une meilleure compréhension du potentiel culturel qui, dans certains contextes, pourrait renforcer l’efficacité de leurs actions.
- Contradictions, compromis et enjeux de pouvoir : La localisation de l’aide est-elle paradoxale?
Par Marie-Claude Savard
Depuis 2016, on assiste à une mouvance dans le secteur de l’humanitaire qui est caractérisée par une décentralisation du contrôle et le transfert d’une plus grande autonomie et leadership aux intervenants locaux. En s’engageant dans ce processus de localisation, les acteurs internationaux (ONG, bailleurs bilatéraux et agences multilatérales), qui ont longtemps été maîtres d’œuvre des interventions d’aide, sont invités à assumer un rôle secondaire. Ainsi, la localisation déstabilise les fondements de l’aide internationale et on constate que cette transition s’avère particulièrement difficile à mettre en place. Pour tenter de comprendre pourquoi, cette étude interroge le concept de localisation afin d’y repérer des contradictions. Ainsi, la question posée est la suivante : Les défis qui entravent la localisation pourraient-ils être liés à un paradoxe interne, à même l’idée de la localisation ? Cette recherche s’inscrit dans un paradigme interprétiviste qui tente de capter et d’analyser les perspectives et les expériences d’une variété d’individus issus du Nord et du Sud global au sein du milieu de l’action humanitaire.
- La réponse standardisée de l’aide humanitaire en cas de catastrophe d’origine naturelle dans les États dits fragiles. Le cas Sphère et les enjeux de résilience
Par Diane Alalouf-Hall, doctorante
Cette recherche, au croisement entre pratique professionnelle et résilience aux catastrophes, s’intéresse à comprendre paradoxe entre l’évolution et la mise en place des standards humanitaires occidentalo-centrés dans des États fragiles à l’heure des enjeux de localisation. La première partie de la thèse porte sur les enjeux de territorialisation de la résilience afin d’avoir une vision plus fine de la réponse aux catastrophes naturelles. Durant les trois années de recherche, plusieurs territoires ont été observés au Québec, au Japon et en Haïti afin de présenter une typologie de la résilience territoriale. Tous les territoires ne sont pas égaux face aux catastrophes naturelles, en particulier les zones dites fragiles. Il est important d’intégrer les différents aspects de résilience territoriale dans la gestion des catastrophes avant (prévention et préparation), pendant (réponse d’urgence) et après l’événement (réhabilitation, construction et apprentissage). La deuxième partie s’intéresse à l’intégration des spécificités de résilience territoriale dans les processus, pourtant opposés, de standardisation des pratiques humanitaires.
- La situation entrepreneuriale en contexte d’États fragiles
Cette recherche adopte une perspective contextuelle de l’entreprenariat afin de mieux cerner les multiples facteurs qui agissent en tant que forces positives et négatives sur la situation entrepreneuriale. En ciblant Haïti, ce premier projet tente de faire la lumière sur le rôle du contexte dans les styles d’entreprenariat dans les États fragiles. En cherchant à éviter d’imposer un cadre d’analyse véhiculant une conception du monde colonisatrice, voir déterministe, nous sommes d’avis qu’une lecture du contexte haïtien pour comprendre la situation entrepreneuriale dans le secteur agroalimentaire par le prisme de la marginalité nous permet de développer une compréhension de certaines valeurs, discours et pratiques pouvant contribuer à renforcer la solidarité au sein du monde académique (Imas et Weston, 2012).
Équipe : Caroline Coulombe, Diane Alalouf-Hall et François Audet
Cette recherche s’inscrit dans un débat critique sur un changement de modèle d’une approche « top-down », vers une approche « bottom up ». L’ampleur des impacts économiques de la crise sanitaire accentue la pression pour investir dans des projets humanitaires ciblés et pour lesquels la présence des coopérants et d’acteurs humanitaires canadiens ne peut plus s’effectuer internationalement dans les mêmes conditions qu’avant la COVID-19. Cette pression, au caractère inédit, confère à notre recherche un point de vue original ayant un impact stratégique, politique et humain. Les équipes de projet humanitaires vivaient déjà en période pré-covid19, des enjeux de difficulté d’intégration des parties prenantes et de pérennisation des impacts durables des projets implantés. Parallèlement, un large consensus s’est établi, dans les études du développement et sur l’humanitaire, pour dire que les pratiques actuelles ne répondent pas aux normes et standards minimaux en matière de localisation et résilience des communautés.
L’objectif principal est de réfléchir au changement organisationnel dans une perspective d’internationalisation de la gouvernance et de la gestion d’un programme de coopération volontaire canadien dans ces pays. De manière spécifique, le projet vise deux sous-objectifs :
- Comprendre et documenter les relations inter-organisationnelles dans le réseau du CECI, c’est-à-dire entre le siège et les équipes pays-pays.
- Illustrer cette approche avec une étude des logiques du renforcement du pouvoir économique des femmes dans les bureaux-pays et au siège.
Équipe
Alexandre Bédard

Karine Debergue

Diane Alalouf-Hall

Caroline Coulombe

Publications
- La restriction de l’espace civique au Guatemala, novembre 2022
- La localisation de l’aide humanitaire : un chantier de recherche en pleine émergence, novembre 2022
- Vers une grille d’analyse féministe radicale de l’empowerment en contexte fédéral : les luttes agricoles en Inde, octobre 2022
- The Ideological Indoctrination through ISIS Textbooks, septembre 2022
- Lunettes féministes intersectionnelles pour envisager une localisation de l’aide inclusive et sensible au genre, août 2022
- Entre « universalisme » et « localisme », les degrés de percolation des standards SPHÈRE, juillet 2022
- Yumi stanap strong : La localisation de l’aide en contexte de COVID-19 au Vanuatu, juillet 2022
- International NGOs as brokers of trust and control in the localization agenda: a case study from the Philippines, juin 2022
- Étude descriptive de l’agilité et de la résilience de l’humanitaire canadien au temps de la COVID-19, avril 2022
- COVID-19 : l’art au secours de la santé mentale, novembre 2020
- En quoi une intervention artistique contribuerait-elle à adresser les enjeux des équipes virtuelles?, juillet 2020
- La localisation de l’aide au prisme de la COVID-19 : question de choix ou dernier recours?, mai 2020
- COVID-19 : L’art et la culture comme moyen émergent postcrise, mai 2020